En 2021, leur bac en poche, Panha NAI et Srey Ka METH sont rentrées à l’université : l’une en licence Bio ingénierie à l’Université Royale de Phnom Penh, et l’autre en licence Génie civil à l’Institut de Technologie du Cambodge. Mais leur ambition les a poussées encore plus loin. En parallèle, elles ont préparé le concours d’entrée de l’école d’ingénieur INSA Lyon. Et elles ont toutes les deux réussi ! Interview, à la veille de leur intégration à cette prestigieuse école.
Pourquoi vouloir devenir ingénieures ?
Panha : Toute petite, je dessinais des machines que je n’avais jamais vues dans mon village, comme des sèche-linges ou des airbags… Dès mon entrée en 6e, j’ai tout de suite rêvé de fabriquer tous les croquis que j’avais dessinés petite.
Srey Ka : Depuis toujours j’ai adoré suivre les ouvriers de mon village sur leurs chantiers. Ils m’avaient même surnommée « Cheffe de projet » ! Ce que j’aime dans le génie civil, c’est la création de bâtiment et la résolution de problèmes.
Qu’avez-vous ressenti à l’annonce des résultats du concours ? Et vos proches ?
Panha : J’étais très heureuse et excitée ! J’ai appelé mon père, car c’est le seul à avoir un téléphone. Au début, je retenais mes larmes, mais une vague d’émotions m’a submergée, et nous avons pleuré de joie ensemble.
Srey Ka : J’ai appelé ma mère pour lui annoncer la bonne nouvelle. Elle était très fière de moi, et nous avons pleuré toutes les deux…
Que voulez-vous faire par la suite avec votre diplôme ?
Panha : Je veux créer un produit utile pour la santé et la nature, en rapport avec la nourriture et l’agriculture.
Srey Ka : Je veux créer des projets en lien avec la construction et aider mon pays à évoluer. Je pense que l’architecture peut être un levier important de développement.
Où vous voyez-vous dans dix ans ?
Panha : Dans dix ans, je ne sais pas car je veux rester ouverte aux opportunités d’expériences à l’étranger. Mais ce que je sais, c’est que je reviendrai au Cambodge ! Mon but est de travailler dans un laboratoire de recherches afin de concevoir des produits qui amélioreront la qualité de vie des Cambodgiens.
Srey Ka : Dans dix ans, je me vois ingénieure en génie civile pour construire au Cambodge de magnifiques bâtisses culturelles, comme les temples d’Angkor. Mais avant, je souhaite continuer mes études, en France si possible, afin d’obtenir un master.
Avez-vous des conseils à donner aux plus petites Chandara girls ?
Panha : Je voudrais dire aux jeunes générations qu’elles doivent faire de leur mieux, sans trop se projeter, en acceptant leurs résultats quels qu’ils soient ! Par expérience, j’ai appris que, quand j’attendais trop, je pouvais être très déçue. L’important, c’est de faire de son mieux, de se donner à 200 %, et, si on échoue, on réessaie plus tard. La chance n’a rien à voir, ce qu’il faut, c’est de la détermination.
Srey Ka : Pour moi, elles doivent se concentrer sur leurs études sans laisser personne altérer leurs rêves. Et aussi savoir qu’elles n’apprendront que de leurs erreurs. Si on s’est trompé, il faut prendre conscience de cette mauvaise décision et continuer d’avancer sans regarder en arrière. Si les opportunités ne se présentent pas d’elles-mêmes, il faut s’en créer, sans jamais oublier d’être patiente et modeste…